
Dans le cadre d'une bataille juridique en cours, Ubisoft a récemment déposé une réponse controversée à un recours collectif concernant son jeu The Crew. La défense juridique de la société, telle que rapportée par Polygon, affirme que les joueurs n'achètent pas les jeux directement, mais acquièrent plutôt des licences susceptibles d'être résiliées à la discrétion d'Ubisoft. Le litige met en évidence les débats plus larges de l'industrie sur la propriété numérique et les modèles d'abonnement.
La démarche de l'éditeur de jeux fait suite aux critiques suscitées par la décision d'Ubisoft de révoquer l'accès à The Crew, rendant le jeu injouable depuis le 1er avril 2024. Bien qu'annoncée précédemment, cette décision a suscité de vives réactions négatives, de nombreux joueurs ayant affirmé avoir perdu l'accès à leurs licences de lancement de jeu via Ubisoft Connect.
Face à la frustration croissante, des gamers canadiens ont lancé une pétition pour demander qu'un jeu vidéo qui requiert une connexion aux serveurs d'un éditeur reste fonctionnel en fin de vie. L'initiative, présentée au Parlement canadien en mai 2024, appelle à une législation stipulant que lorsque le support côté serveur d'un logiciel est interrompu, les entreprises doivent maintenir le produit dans un état fonctionnel et supprimer les connexions obligatoires à des serveurs.
Plus récemment, une paire de joueurs a poursuivi Ubisoft en justice par le biais d'un recours collectif au sujet de la disparition de The Crew et du retrait de la boutique, arguant que la démarche de la société enfreignait les lois californiennes et équivalait à divers niveaux de fraude. Ubisoft a depuis déposé une réponse à la plainte, comme l'a d'abord partagé Polygon, et elle est frustrante, car les avocats de la société ont déclaré haut et fort que les joueurs n'achètent pas des jeux mais des licences qui peuvent être interrompues à n'importe quel moment.
« Le point essentiel de la plainte des plaignants est qu'Ubisoft aurait trompé les acheteurs de son jeu vidéo The Crew en leur faisant croire qu'ils achetaient des droits de propriété illimités sur le jeu, plutôt qu'une licence limitée permettant d'accéder au jeu. Mais en réalité, les consommateurs [...] ont été explicitement informés, au moment de l'achat, qu'ils achetaient une licence ».
La réponse affirme également que le recours collectif applique une « approche d'évier de cuisine » dans ses allégations de violation des lois en raison de « frustrations » face à la décision d'Ubisoft de fermer The Crew « à l'issue d'une période de préavis définie sur l'emballage du produit », que les plaignants ne peuvent prétendre à un préjudice parce qu'ils ont pu jouer au jeu, et que le recours n'est pas fondé puisqu'il a dépassé le délai de prescription. Le dossier souligne également que certaines versions de l'emballage du jeu fournissent des « avis clairs » indiquant qu'Ubisoft peut annuler les services à tout moment et qualifie de « déraisonnable et infondée » l'hypothèse selon laquelle les acheteurs d'une copie physique obtiendraient un accès complet au jeu à perpétuité.
Polygon rapporte que les plaignants ont modifié leur plainte initiale en mars, en réponse, en fournissant leurs propres exemples d'emballages originaux de jeux qui indiquent que le code d'activation du jeu n'expirerait pas avant 2099, laissant le dépôt initial dans les limites du délai de prescription. La plainte modifiée ajoute également un nouveau chef d'accusation : la monnaie du jeu a enfreint une loi californienne qui empêche les cartes et les chèques-cadeaux d'expirer, et cette monnaie correspond à la définition de cette loi. (Le lien de Polygon vers cette plainte modifiée a disparu depuis).
On peut observer que l'équipe juridique d'Ubisoft reprend en fait les commentaires du directeur des abonnements, Philippe Tremblay, selon lesquels les joueurs doivent s'habituer à ne pas posséder leurs jeux, arguant qu'il s'agit d'un « changement de consommation qui doit se produire » pour que les services d'abonnement aux jeux comme Ubisoft+ connaissent un plus grand succès.
La récente position juridique adoptée par Ubistoft s'inscrit dans un contexte plus large de turbulences au sein de l'entreprise. Autrefois reconnue pour des franchises comme Assassin's Creed et Far Cry, la société est aujourd'hui confrontée à une instabilité interne et à la frustration des investisseurs. Juraj Krupa, PDG d'AJ Investments, a décrit Ubisoft comme étant horriblement mal gérée, dénonçant son manque de transparence concernant des rumeurs d'acquisition avec Microsoft et EA - une déclaration qui reflète les préoccupations grandissantes relatives à la gouvernance de l'entreprise.
Source : Réponse d'Ubisoft dans le cadre du procès The Crew (communiquée par Polygon)
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