Les « modifications » récemment promises au nouveau plan controversé de frais par installation pour les développeurs pourraient inclure des limites strictes basées sur le chiffre d'affaires total d'une entreprise et sur l'auto-déclaration par les développeurs des nombres d'installation, selon un nouveau rapport.
Unity est sur la défensive après avoir reçu un intense retour de bâton sur une nouvelle structure de frais controversée, que les développeurs utilisant la plateforme ont dénoncé comme destructrice et injuste.
Unity a tenté de clarifier sa politique en précisant qu’elle ne compterait que les « nouvelles installations nettes » sur tous les appareils à partir du 1er janvier et que les développeurs ne paieraient pas de frais sur les réinstallations, les installations « frauduleuses » via des botnets et autres, les versions d’essai, les jeux web et en streaming, et les installations liées à des œuvres caritatives. Unity a également affirmé qu’elle offrirait des options de paiement flexibles et des réductions pour les développeurs indépendants et les studios de petite taille.
Cependant, ces clarifications n’ont pas suffi à calmer la colère des développeurs, qui ont continué à exprimer leur mécontentement et leur déception sur les réseaux sociaux. Certains ont accusé Unity de trahir sa vision originale d’un moteur de jeu accessible et démocratique pour tous. D’autres ont souligné que la politique était impraticable et imprévisible, car elle dépendait du nombre d’installations, qui peut varier considérablement selon les plateformes, les marchés et les promotions.
Certains développeurs ont noté que les modifications ont été apportées unilatéralement sans véritable avertissement aux développeurs, les enfermant dans un produit qu'ils n'ont d'autre choix que d'utiliser et de payer.
Brandon Sheffield, directeur du studio indépendant Necrosoft Games, a déclaré : « Nous n'avions pas prévu cela, et cela nous fout massivement sur Demonschool, qui est en passe d'être notre jeu le plus réussi ». « [Nous] n’avons pas la possibilité de dire non, puisque nous sommes sur le point de le sortir et que ce changement est dans 4 mois. Vous ne pouvez pas simplement refaire un jeu entier dans un autre moteur lorsque vous travaillez dessus depuis plus de 4 ans ».
Certains développeurs ont annoncé qu’ils allaient abandonner Unity au profit d’autres moteurs de jeu, comme Unreal Engine ou Godot. D’autres ont menacé de supprimer leurs jeux faits avec Unity ou de les retirer des services d’abonnement comme le Xbox Game Pass. Certains ont même envoyé des messages haineux et des menaces à Unity et à ses employés, ce qui a conduit la société à fermer temporairement ses bureaux de San Francisco et d’Austin.
Face à l'ampleur que prenait la situation, Unity a finalement reconnu son erreur et présenté ses excuses dans un message publié sur X (anciennement Twitter) : « Nous vous avons entendus ». Et de continuer en ces termes : « Nous nous excusons pour la confusion et l’angoisse que la politique de frais au runtime que nous avons annoncée mardi a causée. Nous écoutons, nous parlons à nos membres d’équipe, à notre communauté, à nos clients et à nos partenaires, et nous allons apporter des modifications à la politique. Nous partagerons une mise à jour dans quelques jours. Merci pour vos commentaires honnêtes et critiques ».
Rien n'avait filtré alors sur les modifications prévues par Unity à sa politique de tarification, encore moins si elles seraient suffisantes pour restaurer la confiance des développeurs envers le moteur de jeu. Certains développeurs ont accueilli favorablement le message d’excuse de Unity, mais d’autres sont restés sceptiques et méfiants. Ils attendent désormais de voir les actions concrètes que Unity va entreprendre pour répondre aux attentes et aux besoins de sa communauté.
Un aperçu de ce que prépare Unity
Le journaliste de Bloomberg, Jason Schreier, cite un enregistrement d'une réunion générale (retardée suite à une menace de mort) d'Unity pour rapporter que la société envisage provisoirement de limiter le total des frais à 4 % des revenus d'un jeu. Ce changement pourrait potentiellement atténuer les craintes selon lesquelles certains développeurs pourraient littéralement se mettre en faillite avec des jeux générant de nombreuses installations mais relativement peu de revenus par joueur dans le cadre de la structure tarifaire actuellement proposée.
Le rapport de Bloomberg suggère que cette limite s'appliquerait aux « clients gagnant plus d'un million de dollars », et il n'est pas clair comment les petits jeux et les développeurs seraient affectés par ce changement potentiel. À titre de comparaison, Unreal Engine d'Epic facture actuellement une redevance forfaitaire de 5 % sur tous les revenus des développeurs après le premier million de dollars des studios utilisant le moteur.
Unity envisage également de permettre aux utilisateurs de faire des « auto-déclaration » des données concernant leur nombre total d’installations à des fins de facturation. Unity avait précédemment déclaré qu’il « collecterait des données provenant de nombreuses sources » pour alimenter « son propre modèle de données propriétaire » suivant les installations des jeux, ce qui avait suscité des inquiétudes chez les développeurs quant à la confidentialité et à l’exactitude des rapports.
En outre, Unity pourrait changer sa politique afin que les comptes d’installations « ne soient pas rétroactifs » en ce qui concerne le respect des seuils minimaux pour les frais. Ce changement éviterait de pénaliser essentiellement les jeux qui ont généré beaucoup de ventes selon les conditions précédentes sans frais et donnerait un peu plus de marge aux jeux qui doivent sortir avant que ces conditions n’entrent en vigueur le 1er janvier 2024.
Dans la même réunion, plusieurs employés auraient demandé à la direction d'Unity comment l'entreprise pourrait regagner la confiance des développeurs après l'annonce catastrophique de la semaine dernière, confiance qui s'est encore érodée lorsqu'il a été découvert qu'Unity avait discrètement modifié ses conditions d'utilisation en avril pour supprimer une clause qui permettait aux développeurs de s'en tenir aux versions précédentes du document si les mises à jour avaient un impact négatif sur leurs droits.
Le PDG de Unity, John Riccitiello, aurait déclaré lors de la réunion que la société n’était pas encore prête à rendre publiques ses modifications de politique car elle devait encore les soumettre à ses partenaires et qu’elle ne voulait pas répéter le désastre de communication de la semaine dernière : « Je ne pense pas qu'il existe une version de cela qui se serait déroulée de manière très différente de ce qui s'est passé », aurait-il dit avant d'admettre « Je pense que nous aurions pu faire beaucoup de choses mieux ».
Les développeurs attendent maintenant de voir si Unity tiendra compte de leurs commentaires et s’il proposera des concessions suffisantes pour restaurer la confiance dans le moteur. Certains développeurs ont suggéré que Unity adopte un modèle plus transparent et équitable, basé sur le partage des revenus plutôt que sur le nombre d’installations. D’autres ont demandé que Unity renonce complètement aux nouveaux frais et revienne à son ancien modèle basé sur l’abonnement. Quoi qu’il en soit, il semble que Unity ait du pain sur la planche pour apaiser sa base d’utilisateurs mécontents.
Source : Bloomberg
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Unity envisagerait de plafonner les frais par installation et de permettre aux devs d'auto-déclarer les nombres d'installations
Mais ne donne aucun signe d'un abandon de sa politique controversée
Unity envisagerait de plafonner les frais par installation et de permettre aux devs d'auto-déclarer les nombres d'installations
Mais ne donne aucun signe d'un abandon de sa politique controversée
Le , par Stéphane le calme
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