Un appel à contribution 2020 sur les loot box lancé par le ministère britannique du numérique, de la culture, des médias et du sport, a révélé que les joueurs qui achètent des loot box sont plus susceptibles de se retrouver happés par des dépendances. En sus, les développements antérieurs font état de ce que les jeunes sont les plus vulnérables. Ainsi, le gouvernement a demandé que l'achat des loot box soit interdit aux enfants et aux jeunes, sauf s'il est approuvé par un parent ou un tuteur.
« Nous voulons empêcher les enfants de dépenser sans compter en ligne sans l'accord de leurs parents, grâce à des achats au sein des jeux. Les sociétés et les plateformes de jeux doivent faire davantage pour s'assurer que des contrôles et des restrictions d'âge sont appliqués afin que les joueurs soient protégés contre les risques de dommages liés aux jeux. Les enfants devraient être libres de profiter des jeux en toute sécurité, tout en donnant aux parents et aux tuteurs la tranquillité d'esprit dont ils ont besoin », a déclaré Nadine Dorries, ministre de la culture, dans un communiqué. À date, aucune mesure officielle n'est prise dans ce pays pour renforcer les restrictions relatives aux achats numériques.
Grosso modo, le tableau ravive les débats sur les systèmes économiques autour des jeux qui incitent des personnes qui ne souhaiteraient pas dépenser de l’argent réel en jeu à le faire. Pour Diablo Immortal par exemple, un joueur doit dépenser près d’un demi million d’euros pour bénéficier d’un personnage au maximum de ses capacités.
L'une des raisons pour lesquelles le jeu fait parler de lui est son modèle de microtransaction. Diablo Immortal est un jeu gratuit et, en tant que tel, propose un certain nombre de façons dont les joueurs peuvent soutenir son développement continu. Bien que cette approche soit plutôt courante de nos jours, les concepteurs l’ont ajusté pour rendre l’évolution du personnage sans micropaiement moins aisée. De plus, le système de monétisation unique du jeu est configuré de manière à faire de l'évolution au maximum des capacités des personnages une entreprise extrêmement coûteuse.
Le nœud du problème est que Diablo Immortal permet aux joueurs d'acheter les gemmes légendaires. Ce sont l'un des trois piliers de progression des personnages aux côtés de l'équipement (qui peut être banal, rare, légendaire, avec des statistiques variées et dont on peut aussi augmenter le rang) et de l'expérience (qui permet de monter en niveau, jusqu’à 60, avant de passer au système de Parangon), et ils dictent la progression de niveau de fin de partie au-delà de ce qui est possible simplement en atteignant le niveau maximum de Diablo Immortal. Le tableau ne manque pas d’éveiller la vigilance et de renforcer l’image de jeux d’argent qui colle aux titres qui intègrent de tels modules de monétisation.
En effet, Diablo Immortal est en sus sous les projecteurs pour ses lootbox qui en font, selon certains projets de loi, un jeu d’argent dangereux pour les plus jeunes. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Belgique et les Pays-Bas ont pris des positions beaucoup plus fermes contre les lootbox ou coffres-surprises dans les jeux vidéo. En avril 2018, la Commission belge des jeux de hasard a estimé que les coffres-surprises, tels que ceux vendus contre de l'argent réel dans le mode Ultimate Team du jeu de foot FIFA, constituaient des jeux d'argent. Cette année-là, Valve a désactivé la possibilité d'ouvrir des coffrets CS:GO afin de se conformer à la réglementation sur les jeux d'argent dans ces pays. Peu de temps après, Blizzard a supprimé les coffres-surprises payants des jeux "Overwatch" et "Heroes of the Storm" en Belgique.
En 2020, Electronic Arts a écopé d’une condamnation à une amende de 10 millions d'euros (10,8 millions de dollars) pour des coffres-surprises du jeu FIFA aux Pays-Bas, bien que cette décision ait été annulée plus tôt cette année. Plusieurs autres éditeurs de jeux ont désactivé de tels systèmes afin de rester sur le marché et ces jeux fonctionnent pour la plupart de la même manière. Par exemple, les coffres du "Lion noir" de "Guild Wars 2" sont désactivés dans les deux pays, mais cela n'empêche pas les joueurs de profiter du jeu.
En France, même si des voies s'élèvent contre l'intégration des coffres-surprises dans les jeux vidéo, il n'existe pas encore une réglementation stricte qui l'interdit. En 2018, l'État de Washington, la France et 14 pays d'Europe unissaient leurs forces pour lutter contre les jeux d'argent ou paris dans les jeux vidéo. Dans une déclaration commune, les représentants de ces pays se sont dits inquiets des « frontières floues entre les jeux d'argent et les autres formes de divertissement numérique telles que les jeux vidéo ».
Source : GOV UK
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Voir aussi :
Les joueurs sont manipulés pour faire l'acquisition de coffres-surprises de jeux vidéo contre de grosses sommes d'argent, selon un rapport du Conseil des consommateurs de Norvège
Le jeu Diablo Immortal ne sortirait pas en Belgique ou aux Pays-Bas à cause de ses coffres-surprises, selon un responsable de la communication d'Activision Blizzard
18 groupes de consommateurs de pays européens ont rejoint la lutte contre les coffres-surprises et réclament certaines mesures comme des protections supplémentaires pour les mineurs