Valve vient de construire la Xbox dont Microsoft rêve : la couche de compatibilité Proton qui permet aux jeux Windows de fonctionner sur Linux gagne en maturité,la Steam Machine est annoncée six fois plus puissante qu'une Steam Deck
Valve n’avait plus touché au concept de Steam Machine depuis l’échec cuisant de 2015. Le marché avait tourné la page, l’industrie l’avait rangée dans la catégorie des expérimentations avortées, et les joueurs eux-mêmes n’y croyaient plus. Pourtant, en 2025, Valve revient avec une audace qui surprend jusqu’aux observateurs les plus aguerris : une nouvelle Steam Machine, pensée cette fois comme un véritable mini-PC de salon, propulsée par SteamOS et surtout annoncée comme plus de six fois plus rapide qu’une Steam Deck.
Ce retour s’explique par un contexte beaucoup plus favorable. L’écosystème SteamOS est désormais mature, la compatibilité avec les jeux Windows via Proton (la couche de compatibilité qui permet aux jeux développés pour Windows de fonctionner sous Linux) s'est améliorée, et la pression exercée par les consoles traditionnelles pousse Valve à occuper un segment où personne n’a réellement pris l’avantage : le PC de salon clé en main, silencieux, efficace, évolutif et relié à un catalogue de plusieurs dizaines de milliers de jeux.
Contexte
Valve a annoncé trois nouveaux produits : la Steam Machine, la Steam Controller et la Steam Frame. La Steam Machine est la version de bureau de la Steam Deck pour les jeux en 4K à 60 images par seconde. La Steam Machine est équipée d'une puce AMD Zen 4 personnalisée avec 8 Go de mémoire vidéo. La Steam Controller réintroduit les pavés tactiles haptiques avec une nouvelle paire de sticks magnétiques, des commandes de mouvement gyroscopiques, quatre boutons arrière programmables et des capteurs de détection de prise en main. La Steam Frame est le nouveau casque VR autonome de Valve, doté d'un processeur Snapdragon intégré et d'un système de suivi « inside-out ». La Steam Machine, la Steam Frame et la Steam Controller seront toutes disponibles début 2026. Leur prix sera communiqué ultérieurement.
La Steam Machine et le Steam Controller
Près de quatre ans après que la Steam Deck ait révolutionné le monde du jeu portable, Valve s'apprête à commercialiser du matériel fonctionnant sous SteamOS, conçu pour les téléviseurs de salon, voire pour remplacer les PC de bureau dédiés au jeu. Baptisés simplement Steam Machine et Steam Controller, ces deux produits, dont la commercialisation est prévue début 2026, sont « optimisés pour le jeu sur Steam et conçus pour permettre aux joueurs de tirer encore davantage parti de leur bibliothèque Steam », a déclaré Valve dans un communiqué de presse.
La fiche technique de la Steam Machine partagée par Valve mentionne un processeur AMD Zen 4 à six cœurs « semi-personnalisé » cadencé à 4,8 GHz, ainsi qu'un processeur graphique AMD RDNA3 avec 28 unités de calcul. La carte mère comprendra 16 Go de RAM DDR5 et 8 Go supplémentaires de VRAM DDR6 dédiée pour le GPU. Le nouveau matériel sera disponible en deux configurations avec 512 Go ou 2 To de « stockage SSD » non spécifié, mais Valve n'a pas encore communiqué les prix.
Ces puces et ces chiffres suggèrent que la Steam Machine aura à peu près la même puissance qu'un PC de jeu de bureau de milieu de gamme d'il y a quelques années. Mais Valve affirme que sa « Machine » — qu'elle classe comme « plus de 6 fois plus puissante que la Steam Deck » — est suffisamment puissante pour prendre en charge le ray tracing et/ou les jeux en 4K à 60 images par seconde grâce à l'upscaling FSR.
À l'extérieur, la Steam Machine se présente sous la forme d'un cube noir austère mesurant 160 mm de côté, ce qui la rend légèrement plus grande que l'ancienne Nintendo GameCube (sans poignée). À l'avant, la Machine dispose de deux ports USB-A, d'un emplacement pour carte SD, d'un bouton d'alimentation et d'une « barre LED personnalisable » qui peut changer pour indiquer lorsque le système démarre, télécharge des mises à jour, etc. Un énorme ventilateur occupe la majeure partie de l'arrière de l'appareil, à côté de trois ports USB supplémentaires (dont un port USB-C) et de sorties HDMI 2.0 et DisplayPort 1.4.
Une architecture PC musclée, pensée pour le long terme
La nouvelle Steam Machine s’éloigne résolument du concept hybride console/PC pour embrasser pleinement son identité de mini-ordinateur surpuissant. Les tests préliminaires et les données publiées indiquent une architecture basée sur un APU de dernière génération, capable de délivrer une puissance brute que la Steam Deck ne peut tout simplement pas approcher. La promesse est ambitieuse : offrir une machine taillée pour du 1440p fluide, voire du 4K raisonnable, le tout dans un châssis compact rappelant les meilleurs mini-PC du marché.
Valve a également revu son approche thermique. L’objectif n’est plus seulement de miniaturiser, mais de garantir un fonctionnement stable en charge prolongée. La firme insiste sur un refroidissement silencieux, un argument que les joueurs de salon attendent depuis longtemps sur un hardware PC. L’idée est simple : offrir l’expérience console sans renoncer à la liberté PC.
SteamOS 3.6 : le vrai cœur de la machine
Le matériel attire l’attention, mais le véritable pivot du projet reste SteamOS. Après plusieurs années d’optimisation, le système maison de Valve a enfin atteint une maturité comparable à celle d’un OS commercial classique. L’intégration parfaite du mode Big Picture revisité, le support natif du DualSense, du Steam Controller nouvelle génération et des accessoires tiers, ainsi que la compatibilité Proton, transforment l’expérience utilisateur.
Valve insiste sur la promesse “plug and play”. On allume la machine, on se connecte à Steam, et l’on joue immédiatement. Aucun pilote à chercher, aucune configuration alambiquée, aucune manipulation obscure. C’était le talon d’Achille des Steam Machines de 2015, et c’est précisément ce que Valve a soigneusement réparé.
La compatibilité de Proton est aujourd'hui solide, les problèmes ont été en grande partie résolus et le concept a déjà été testé de manière approfondie avec la Steam Deck. Il y a tout simplement moins d'inconnues.
« Proton est vraiment la recette secrète, n'est-ce pas ? C'est ce qui a rendu cela possible. Au cours des dix dernières années, nous avons travaillé à la mise en place de la couche de compatibilité afin que les développeurs aient moins de travail à faire pour prendre en charge cet appareil », explique Yazan Aldehayyat, ingénieur chez Valve travaillant sur la Steam Machine.
Avec Proton, la plupart des jeux devraient fonctionner sans problème. Cela dit, certaines solutions anti-triche ne fonctionnent toujours pas sous Linux. C'est le cas de jeux comme Battlefield 6 et Fortnite. Cela ne posait pas vraiment de problème avec la Steam Deck, portable et peu puissante, mais vous voudrez peut-être jouer à ces jeux sur votre PC de bureau ou de salon. Il est donc intéressant de réfléchir à l'importance que vous accordez à ces grands jeux multijoueurs.
Un écosystème matériel élargi : Steam Controller 2, Steam Frame et avancées VR
Le lancement de la Steam Machine s’accompagne d’un renouvellement massif du catalogue matériel Valve. Un nouveau Steam Controller, plus ergonomique, plus robuste et doté d’un retour haptique repensé, arrive simultanément. Il cible autant les joueurs PC que ceux habitués aux pads Xbox ou PlayStation.
Valve prépare également un Steam Frame, un casque de réalité virtuelle autonome (il n'est pas nécessaire de se servir d’un PC pour le connecter et faire tourner les jeux), conçu pour fonctionner aussi bien avec de la réalité virtuelle qu’avec les jeux classiques de votre bibliothèque Steam. Il faut préciser que tous les jeux ne seront pas compatibles avec le mode autonome. Valve indique notamment que « le Steam Frame disposera d’un programme de compatibilité indiquant quels jeux de votre bibliothèque (VR ou non) fonctionnent en mode autonome ».
Avec le Steam Frame, Valve veut permettre à tous les utilisateurs de Steam de jouer aux jeux de leur bibliothèque en réalité virtuelle sans qu'ils ne soient gênés par des fils. Dans cette optique, Valve a incorporé deux radios séparées pour éviter une coupure ou une perte de qualité lorsque d’autres appareils utilisent le Wi-Fi.
Signe que Valve n’abandonne pas son ambition dans la réalité virtuelle et compte capitaliser sur la puissance accrue de la nouvelle Steam Machine pour offrir une VR plus accessible et moins dépendante d’un PC encombrant. Le casque est accompagné de nouvelles manettes sans fil, les Steam Frame Controllers.
La machine qui pourrait « gagner » la génération
Certains analystes vont jusqu’à affirmer que Valve pourrait, cette fois, prendre une place dominante dans l’écosystème du jeu vidéo domestique. L’argument principal réside dans l’ouverture : contrairement à Sony, Microsoft ou Nintendo, Valve n’impose pas de barrières. Le catalogue Steam, colossal, évolutif et déjà ancré dans la culture PC, est un avantage structurel incomparable.
La nouvelle Steam Machine n’est pas une console, mais un PC calibré comme une console, avec une interface pensée comme une console, et une simplicité équivalente à une console. Ce positionnement hybride pourrait séduire un public très large, du joueur casual qui veut simplement lancer Elden Ring sans se soucier des réglages, au passionné qui veut un mini-PC évolutif prêt à accueillir mods, périphériques ou émulateurs.
Un message adressé à Microsoft et Sony
En annonçant une machine six fois plus puissante que la Steam Deck, Valve ne se contente pas de séduire les joueurs PC : elle envoie aussi un signal très clair aux constructeurs traditionnels. La firme rapatrie progressivement l’expérience PC dans le salon, une zone longtemps dominée par les consoles.
La multiplication des exclusivités temporaires, les hausses de prix des consoles et des services en ligne, ainsi que la frustration liée à certaines politiques de DRM, ouvrent une lucarne stratégique. Valve s’y engouffre avec une offre simple : puissance, liberté, catalogue riche, et un prix qui, selon les premières estimations, resterait inférieur à celui d’un PC gaming classique à performances équivalentes.
Une philosophie renouvelée, mais un pari risqué
Malgré l’enthousiasme, la Steam Machine porte une part de risque. Le public PC peut se montrer allergique aux machines préconfigurées, surtout dans un marché où les mini-PC haut de gamme explosent en popularité depuis deux ans. Les joueurs peuvent préférer assembler leur propre machine pour maximiser le rapport performance/prix. Et la question du support logiciel à long terme se posera forcément : SteamOS a fait d’immenses progrès, mais reste dépendant de l’évolution du paysage Linux.
Valve devra également éviter de répéter l’erreur de 2015 : une communication confuse, trop de modèles, un manque de clarté sur la cible de la machine. Cette fois, la stratégie semble beaucoup plus lisible, mais l’histoire du hardware Valve rappelle que même les meilleures idées peuvent échouer si le suivi n’est pas au rendez-vous.
Vers un nouveau standard du PC de salon ?
Ce lancement marque peut-être un tournant. L’écosystème Steam Deck a montré qu’il existait un public immense pour un PC simplifié, accessible, optimisé. La nouvelle Steam Machine pourrait capitaliser sur cette dynamique en offrant la puissance brute que la Steam Deck, malgré son succès massif, ne pouvait proposer.
Si Valve tient ses promesses en termes de performance, de silence, de simplicité et de prix, la firme pourrait bien imposer un nouveau standard dans un marché qui n’attendait que cela : un PC de salon prêt à l’emploi, rapide, silencieux et totalement intégré à Steam.
Source : Valve
Et vous ?
La nouvelle Steam Machine marque-t-elle une véritable évolution dans la démocratisation du gaming sous Linux ?
Les optimisations de SteamOS suffisent-elles à garantir une stabilité long terme comparable à celle d’un environnement Windows gaming professionnel ?
La promesse d’un matériel six fois plus rapide qu’une Steam Deck peut-elle suffire à convaincre les joueurs console de migrer vers un PC de salon, alors même que l’écosystème reste plus ouvert, parfois plus complexe ?
Si la nouvelle Steam Machine gagne en popularité, quelles pourraient être les conséquences pour les consoles traditionnelles, déjà fragilisées par la hausse des coûts de production et la baisse du nombre d’exclusivités ?
La montée en puissance de Proton et le succès technique de la Steam Deck ont-ils définitivement légitimé Linux comme plateforme gaming, ou cette réussite repose-t-elle encore sur un équilibre fragile ?
En positionnant une machine puissante, silencieuse et simple à utiliser, Valve cherche-t-il à concurrencer directement la PlayStation et la Xbox, ou vise-t-il plutôt un espace intermédiaire que les constructeurs traditionnels négligent encore ?
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et dans le pire des cas, on a dans la boîte qu'un seul code, c'est vraiment écœurant
chez Xbox Microsoft, ces grands sentimentaux, c'est encore plus simple, ça fait un moment qu'ils ont quasiment fusillé leur gamme physique, même de leurs propres jeux qu'on ne trouve en physique que chez PlayStation