Intel serait passé à côté d'un contrat de plusieurs milliards de dollars en 2022
AMD a précédemment remporté le contrat pour la conception et la fabrication des puces respectives de la PlayStation 4, la PlayStation 4 Pro, la PlayStation 5 et la PlayStation 5 Pro qui a été annoncée récemment. Par conséquent, l'on pourrait penser qu'il est déjà acquis que Sony fera à nouveau appel à AMD pour la conception et la fabrication de la puce de la prochaine PlayStation 6. Mais il n'en est rien. Un rapport de Reuters indique que Sony a préféré lancer un appel d'offres auquel Intel, AMD et d'autres entreprises ont répondu. Mais au final, AMD a remporté le juteux contrat d'une valeur de 30 milliards de dollars.
Une série de discussions entre Sony et Intel auraient eu lieu en 2022, l'objectif étant qu'Intel ne se contente pas de concevoir la puce, mais qu'il la fabrique via ses propres fonderies, plutôt que de faire appel à TSMC. Si l'offre d'Intel avait été couronnée de succès, elle lui aurait permis de bénéficier d'une augmentation de ses revenus dont elle avait grandement besoin. Ses usines seraient amenées à produire des milliers de plaquettes de silicium chaque mois.
L'obtention du contrat pour la conception des puces de la PlayStation 6 aurait été une victoire pour le segment de la conception d'Intel et aurait également été une victoire pour l'effort de fabrication en sous-traitance de la société, ou activité de fonderie, qui était la pièce maîtresse du plan de redressement du PDG Pat Gelsinger. Il a annoncé la création d'une unité de fonderie en 2021 et l'a officiellement lancée à San Jose, en Californie, en février de cette année.
Mais la perte de ce contrat constitue un revers pour Intel dans ses ambitions. Selon le rapport, Intel et son rival AMD (associé à TSMC) étaient les deux derniers candidats en lice pour le contrat. Par conséquent, le contrat va donc alimenter les nids d'AMD, de TSMC et de leurs actionnaires. Des critiques ont souligné que Sony pourrait avoir utilisé la participation d'Intel à l'appel d'offres comme un moyen pour réduire les bénéfices d'AMD sur la conception des puces.
« Pour Sony, Intel est une alternative crédible qu'il peut prétendre être un choix viable. Ce qui oblige AMD à faire une offre un peu plus intéressante », peut-on lire dans les commentaires. Selon le rapport, plusieurs raisons pourraient expliquer l'échec d'Intel lors de la procédure d'appel d'offres.
Pourquoi Intel a-t-il perdu ce contrat lucratif au profit du duo AMD et TSMC ?
Les consoles de Sony se vendent généralement à plus de 100 millions d'exemplaires en l'espace d'une demi-décennie. Pour un concepteur de puces, le marché des consoles génère un bénéfice inférieur aux marges brutes de plus de 50 % pour des produits tels que les puces d'IA, mais il représente toutefois une activité régulière qui peut tirer profit d'une technologie déjà développée par l'entreprise. Selon deux des sources, un différend sur le montant des bénéfices qu'Intel devait tirer de chaque puce vendue à Sony a empêché Intel de parvenir à un accord sur le prix avec le géant japonais de l'électronique grand public.
Pour la seule année 2023, Sony affirme que 20,8 millions de consoles PlayStation 5 ont été vendues et que chacune d'entre elles est équipée d'une puce APU (Accelerated Processing Unit) tout-en-un d'AMD. AMD ne détaille pas assez ses comptes pour qu'on puisse savoir combien d'argent lui rapporte le contrat avec Sony, mais en 2023, son unité de jeux a réalisé un chiffre d'affaires de 6,2 milliards de dollars, dont la majorité provient de la puce de la PlayStation 5.
Cependant, son résultat d'exploitation était de 0,9 milliard de dollars, ce qui en dit long sur l'importance de la marge bénéficiaire des processeurs de console. Selon le rapport de Reuters, c'est précisément ce qui a empêché Intel de décrocher le contrat pour la PlayStation 6. Enfin de comte, c'est AMD qui a décroché le contrat à l'issue de la procédure d'appel d'offres qui a éliminé d'autres sociétés telles que Broadcom, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'Intel et AMD.
Certains analystes soupçonnent qu'il n'y a pas que les marges bénéficiaires qui sont en cause. En effet, le service de fonderie d'Intel n'a pas vraiment de clients importants à son actif, bien qu'il ait préparé ses systèmes pour toute commande basée sur l'architecture Arm. La nouvelle puce aurait fait appel à un grand nombre de technologies inconnues, notamment en ce qui concerne le GPU (la série de cartes graphiques dédiées Intel Arc n'a été annoncée qu'en 2022).
En réponse au rapport sur l'échec présumé d'Intel face à son rival AMD, un porte-parole d'Intel a fait cette déclaration : « nous ne sommes pas du tout d'accord avec cette caractérisation, mais nous n'allons pas commenter les conversations actuelles ou potentielles avec les clients. Nous avons un pipeline de clients très sain, tant pour nos produits que pour nos activités de fonderie, et nous nous concentrons résolument sur l'innovation pour répondre à leurs besoins ».
Avec AMD, Sony aurait su exactement ce qu'il obtenait et les développeurs de jeux auraient été beaucoup plus satisfaits. Et bien que le contrat avec Sony ne génère pas un revenu énorme pour AMD, il offre une grande stabilité à son flux de revenus, ce qui le rend attrayant pour les investisseurs, les prêts et autres.
Les besoins de rétrocompatibilité auraient fait pencher la balance du côté d'AMD
À l'instar des Big Tech américains tels que Google et Amazon qui font appel à des fournisseurs externes pour les aider à concevoir et à fabriquer des puces d'IA personnalisées, Sony fait appel à des concepteurs expérimentés pour fabriquer les processeurs ses systèmes. La conception des puces pour consoles vise généralement à assurer la compatibilité avec les versions antérieures du système, afin de permettre aux utilisateurs de faire tourner d'anciens jeux sur le nouveau matériel. Selon le rapport, Sony pourrait faire face à des problèmes de rétrocompatibilité si Intel avait remporté le contrat pour la PlayStation 6.
Cela pourrait en effet expliquer pourquoi les marges bénéficiaires d'Intel étaient plus élevées. « Passer d'AMD, qui a fabriqué la puce de la PlayStation 5, à Intel aurait risqué de compromettre la rétrocompatibilité, ce qui a fait l'objet de discussions entre les ingénieurs et les cadres d'Intel et de Sony. Garantir la rétrocompatibilité avec les versions antérieures de la PlayStation aurait été coûteux et aurait nécessité des ressources d'ingénierie », rapportent les sources.
Par ailleurs, l'entreprise dirigée par Gelsinger fait face à des difficultés. Intel a fait état d'un deuxième trimestre désastreux en août. Il a annoncé des plans de réduction de 15 % de ses effectifs pour économiser 10 milliards de dollars et a préparé un plan pour réduire ses dépenses d'investissement dans l'expansion des usines qui étaient la pierre angulaire de sa stratégie de fonderie. Intel a manqué la première vague du boom de l'IA, qui est largement dominé par Nvidia.
Intel a eu du mal à trouver un client de premier plan dont elle puisse parler publiquement pour le premier processus de fabrication, connu sous le nom de 18A, ouvert à d'autres entreprises. Si Intel avait obtenu la puce de la PlayStation 6, elle aurait pu occuper son unité de fonderie pendant plus de cinq ans. Comme souligné plus haut, l'activité de Sony dans le domaine des consoles aurait pu rapporter environ 30 milliards de dollars à Intel pendant la durée du contrat.
La PlayStation 2 s'est vendue à environ 150 millions d'exemplaires depuis son lancement en 2000. Un contrat à long terme avec Sony aurait permis d'attirer de nouveaux clients importants pour les efforts de fabrication en sous-traitance d'Intel, alors que l'entreprise continue de lutter pour attirer des clients vers son processus 18A avancé. Le prochain processeur Arrow Lake d'Intel semble très prometteur, mais l'entreprise n'en fabrique qu'une infime partie.
Au lieu de cela, toutes les tuiles sont fabriquées par TSMC, ce qui n'est pas un hommage éclatant à la qualité des fonderies d'Intel. La dernière console de jeu équipée d'un processeur Intel était la Xbox originale de 2001, qui était dotée d'un processeur Pentium 3 semi-personnalisé (et d'un GPU Nvidia séparé). Depuis 2013, Sony et Microsoft font confiance à AMD pour la conception et la fabrication du processeur CPU-GPU tout-en-un pour leurs consoles respectives.
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