Microsoft fait actuellement face à une grande offensive visant à convaincre la justice américaine de bloquer le rachat d'Activision Blizzard par le géant de Redmond. Le dernier élément de cette offensive concerne les allégations d'une nouvelle plainte déposée par dix joueurs qui estiment que l'accord créerait un "dangereux" monopole dans le secteur. Le but de ce groupe de consommateurs est de parvenir à bloquer cette acquisition qui, selon eux, pourrait gravement nuire à la compétitivité. L'affaire a été initialement rejetée en mars dernier, mais les plaignants ont apporté de nouvelles preuves sous la forme de déclarations expurgées de Xbox datant de 2019.
Cette semaine, les avocats du groupe de joueurs soutiennent que le tribunal n'a pas pris en compte les preuves incontestables que Microsoft avait l'intention d'éliminer sa principale concurrence, la PlayStation de Sony, du marché ; et que cette fusion fait partie de cette stratégie lorsqu'il a rejeté la précédente action en justice. Afin de justifier ces allégations, les avocats des plaignants ont présenté un courriel interne de Microsoft envoyé par Matt Booty, chef des studios Xbox, à Tim Stuart, directeur financier de Xbox. Dans la version publique de l'appel, le contenu de l'email, appelé pièce à conviction K, est lourdement expurgé et qualifié de document sensible.
UPDATE: A Microsoft rep shares a significant update to this. While they still can't divulge the contents of the email, they're able to now say that it was sent in 2019
— Stephen Totilo (@stephentotilo) June 20, 2023
That means that whatever anti-PlayStation sentiment/strategy it may contain preceded MS' offer for Activision https://t.co/HqbmfbjzD0
Microsoft a confirmé que le courriel a été envoyé par Booty en 2019 et a ajouté que l'entreprise ne peut pas légalement partager le courriel ou son contenu. La société estime en effet que le document est "un échange interne qui devrait rester scellé". Une position contestée par les avocats des joueurs. Le message envoyé par Booty à son collègue responsable de la Xbox concernant l'intention de Microsoft de battre la PlayStation précède le projet d'acquisition d'Activision par l'entreprise. Celui-ci n'a été annoncé qu'en janvier 2022. L'échange de courriels précède même l'acquisition par Microsoft, pour 7,5 milliards de dollars, de ZeniMax Media et de ses filiales.
Si l'intention de battre un concurrent peut être considérée comme tout à fait légale, l'on ignore la stratégie mise en place par Microsoft pour y parvenir et si l'entreprise avait évalué les impacts potentiels que l'acquisition d'Activision Blizzard pourrait avoir sur l'industrie du jeu vidéo et la manière dont cela affecterait la PlayStation et les autres plateformes concurrentes. Tout compte fait, ce procès est un drame parallèle à l'affaire antitrust de la FTC contre Microsoft, qui s'accélère en vue de nouvelles audiences cette semaine. Pour rappel, la plainte initiale du groupe de joueurs a été rejetée par la juge Jacqueline Scott Corley du district nord de la Californie.
La juge Corley a également traité la requête de la FTC visant à obtenir une ordonnance restrictive temporaire et une injonction préliminaire concernant le projet de fusion entre Microsoft et Activision Blizzard. La juge a statué en faveur de l'ordonnance restrictive temporaire demandée par le régulateur, tandis que l'audience pour l'injonction préliminaire est prévue pour cette semaine. Microsoft et la FTC ont communiqué mardi dernier la liste de leurs témoins pour l'audition. La liste des témoins comprend le PDG de Microsoft, Satya Nadella, le chef de PlayStation, Jim Ryan, Pete Hines de Bethesda et le PDG d'Activision Blizzard, Bobby Kotick.
Selon certaines sources, Microsoft serait prêt à renoncer à l'accord si la Cour fédérale accordait l'injonction préliminaire. Dans un récent document déposé au tribunal, le conseiller juridique de Microsoft aurait admis que l'entreprise pourrait envisager d'abandonner la fusion si le tribunal se prononçait en faveur de la FTC. Entre-temps, Microsoft fait appel d'une décision de l'Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) qui a bloqué la fusion, estimant qu'il nuirait à la concurrence dans l'industrie du jeu. Microsoft a contre-attaqué, affirmant que la fusion profiterait aux consommateurs. L'audience d'appel devrait avoir lieu du 24 au 31 juillet.
À ce propos, certaines sources indiquent qu'en cas d'échec contre la CMA, Microsoft et Activision pourraient envisager toutes les possibilités pour contourner le blocage britannique, y compris le retrait total des jeux d'Activision Blizzard du marché britannique. Bien qu'il s'agisse à première vue d'une mesure radicale, certains experts ont prévenu qu'il pourrait s'agir de la voie à suivre, principalement en raison des options limitées dont disposent les deux parties. Il faut noter qu'une fois l'accord conclu, Xbox aurait un accès exclusif à la vaste bibliothèque de titres d'Activision Blizzard, notamment des titres très populaires comme Call Of Duty et Overwatch.
Xbox aurait ainsi la possibilité de faire en sorte que les futurs jeux des éditeurs soient exclusifs aux consoles Xbox, et d'ajouter de nombreux autres jeux à son service d'abonnement Xbox Game Pass, de plus en plus étendu. Pour finir, l'on ignore toujours si l'accord avec Activision Blizzard sera conclu ou non, et compte tenu de la taille et du statut sans précédent de l'accord, il est difficile de prédire ce qu'il adviendra au cours des prochains mois. Malgré tout, Phil Spencer, directeur de Xbox, reste "confiant" quant à l'aboutissement de l'accord, qui constituerait une énorme victoire pour la marque Xbox et les joueurs sur la plateforme.
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Que pensez-vous des allégations de la plainte des joueurs ?
Selon vous, cette plainte pourrait-elle avoir un quelconque impact sur l'accord ?
Que pensez-vous d'un potentiel rachat d'Activision Blizzard par Microsoft ?
Quels pourraient être les impacts de cette fusion potentielle sur l'industrie du jeu vidéo ?
Selon vous, la FTC des États-Unis et la CMA britannique parviendront-elles à faire échouer l'accord ?
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