Il y a quelques mois, l'enquête préliminaire de la Commission européenne sur l'accord Microsoft/Activision a conclu que la fusion proposée pourrait réduire la concurrence dans des domaines tels que les services de jeux sur le cloud et les systèmes d'exploitation pour PC. Et malgré la décision finale de la Commission, le rapport final d'aujourd'hui sur la question confirme certaines de ces préoccupations préliminaires en matière de concurrence.
La Commission a écarté la possibilité que Microsoft coupe ses jeux de la PlayStation, la console la plus populaire, en estimant qu’une telle stratégie nuirait à ses profits. Elle a également jugé que l’opération n’affecterait pas la concurrence pour les jeux sur console comme Call Of Duty, qui sont disponibles sur plusieurs plateformes.
La décision prise aujourd'hui fait suite à une enquête approfondie portant sur le projet d'acquisition d'Activision par Microsoft. Les deux entreprises développent et éditent des jeux pour PC, consoles et dispositifs mobiles, et distribuent des jeux pour PC. Microsoft distribue également des jeux pour consoles et propose la console de jeux Xbox, ainsi qu'une vaste gamme de produits et de services, notamment le système d'exploitation «Windows» pour PC. La gamme de jeux d'Activision comprend les célèbres franchises Call of Duty, World of Warcraft, Overwatch et Diablo.
L'enquête préliminaire de la Commission a montré que Microsoft était susceptible de porter préjudice à la concurrence i) sur le marché de la distribution de jeux vidéo pour consoles et PC, y compris les services d'abonnement multi-jeux et de streaming de jeux en nuage; et ii) sur le marché de la fourniture de systèmes d'exploitation pour PC.
L'enquête approfondie menée par la Commission sur le marché a montré que Microsoft ne serait pas en mesure de porter préjudice aux consoles concurrentes et aux services concurrents d'abonnement multi-jeux. Dans le même temps, elle a confirmé que Microsoft pourrait nuire à la concurrence dans la distribution de jeux par les services de streaming de jeux en nuage, et que sa position sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC serait renforcée.
En particulier, la Commission a constaté ce qui suit:
L'enquête préliminaire de la Commission a montré que Microsoft était susceptible de porter préjudice à la concurrence i) sur le marché de la distribution de jeux vidéo pour consoles et PC, y compris les services d'abonnement multi-jeux et de streaming de jeux en nuage; et ii) sur le marché de la fourniture de systèmes d'exploitation pour PC.
L'enquête approfondie menée par la Commission sur le marché a montré que Microsoft ne serait pas en mesure de porter préjudice aux consoles concurrentes et aux services concurrents d'abonnement multi-jeux. Dans le même temps, elle a confirmé que Microsoft pourrait nuire à la concurrence dans la distribution de jeux par les services de streaming de jeux en nuage, et que sa position sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC serait renforcée.
En particulier, la Commission a constaté ce qui suit:
- Microsoft n'aurait aucun intérêt à refuser de distribuer les jeux d'Activision à Sony, qui est le principal distributeur mondial de jeux pour consoles, y compris dans l'Espace économique européen («EEE»), où pour chaque console Microsoft Xbox achetée, ce sont quatre consoles PlayStation de Sony qui sont achetées par les joueurs. En effet, Microsoft aurait fortement intérêt à distribuer les jeux d'Activision sur une console aussi populaire que la PlayStation de Sony.
- Même si Microsoft décidait de retirer les jeux d'Activision de la PlayStation, cela ne porterait pas de préjudice grave à la concurrence sur le marché des consoles. Bien que Call of Duty attire de nombreux joueurs sur consoles, ce jeu est moins populaire dans l'EEE que dans d'autres régions du monde et, parmi les jeux du même genre, il est moins populaire dans l'EEE que sur d'autres marchés. En conséquence, même sans être en mesure de proposer ce jeu spécifique, Sony pourrait tirer parti de sa taille, de son catalogue de jeux étoffé et de sa position sur le marché pour contrer toute tentative d'affaiblissement de sa position concurrentielle;
- même sans l'opération, Activision n'aurait pas mis ses jeux à la disposition des services d'abonnement multi-jeux, étant donné que cela cannibaliserait les ventes de jeux individuels. En conséquence, la situation des fournisseurs tiers de services d'abonnement multi-jeux n'évoluerait pas après l'acquisition d'Activision par Microsoft;
- l'acquisition nuirait à la concurrence sur le marché de la distribution des jeux pour PC et pour consoles par les services de streaming de jeux en nuage, un segment de marché innovant qui pourrait transformer la manière dont de nombreux joueurs jouent aux jeux vidéo. Malgré son potentiel, le streaming de jeux en nuage est aujourd'hui très limité. La Commission a estimé que la popularité des jeux d'Activision pouvait favoriser sa croissance. Au contraire, si Microsoft limitait exclusivement les jeux d'Activision à son propre service de streaming de jeux en nuage, Game Pass Ultimate, et ne les rendait pas accessibles aux fournisseurs concurrents de streaming de jeux en nuage, cela réduirait la concurrence sur le marché de la distribution de jeux par le streaming en nuage;
- si Microsoft limitait les jeux d'Activision exclusivement à son propre service de streaming de jeux en nuage, elle pourrait aussi renforcer la position de Windows sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC. Cela pourrait être le cas si Microsoft entravait ou dégradait le streaming des jeux d'Activision sur les PC utilisant des systèmes d'exploitation autres que Windows.
Les mesures correctives proposées
Afin de remédier aux problèmes de concurrence soulevés par la Commission sur le marché de la distribution des jeux pour PC et consoles par les services de streaming de jeux sur le cloud, Microsoft a proposé les engagements globaux suivants en matière de licences, pour une durée de 10 ans:
- une licence gratuite accordée aux consommateurs de l'EEE, leur permettant de diffuser en streaming, en utilisant le service de streaming de jeux en nuage de leur choix, tous les jeux actuels et futurs d'Activision Blizzard pour PC et pour consoles pour lesquels ils disposent d'une licence;
- une licence gratuite correspondante accordée aux fournisseurs de services de streaming de jeux en nuage, afin de permettre aux joueurs basés dans l'EEE de diffuser en streaming tous les jeux d'Activision Blizzard pour PC et pour consoles.
Aujourd'hui, Activision Blizzard ne concède pas de licence sur ses jeux aux services de streaming de jeux en nuage, et elle ne les diffuse pas non plus elle-même en streaming. La Commission estime que ces licences garantiront que les joueurs qui ont acheté un ou plusieurs jeux d'Activision dans une boutique pour PC ou pour consoles, ou qui ont souscrit à un service d'abonnement multi-jeux incluant des jeux d'Activision, auront le droit de diffuser ces jeux en utilisant le service de streaming de jeux en nuage de leur choix et de jouer sur tout appareil, peu importe le système d'exploitation utilisé. Elle indique également que les mesures correctives garantissent également que les jeux d'Activision disponibles pour le streaming auront la même qualité et le même contenu que les jeux disponibles au téléchargement traditionnel.
Envoyé par Commission européenne
Microsoft espère que son acquisition d’Activision Blizzard lui permettra de renforcer son offre de jeux exclusifs pour sa console Xbox et son service d’abonnement Xbox Game Pass.
Toutefois, le feu vert de la Commission européenne ne suffit pas à garantir la réussite de l’opération. En effet, le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft est toujours menacé par un veto britannique, qui a été prononcé le 26 avril par l’autorité de la concurrence du Royaume-Uni (CMA). Selon la CMA, la fusion pourrait nuire à la concurrence dans le domaine du cloud gaming, en donnant à Microsoft un avantage déloyal sur ses rivaux comme Sony et Nintendo.
Microsoft a annoncé qu’il ferait appel de cette décision, qu’il juge fondée sur une « mauvaise compréhension » du marché et de la technologie du cloud gaming. Le groupe américain devra convaincre le Tribunal d’appel de la concurrence (CAT) au Royaume-Uni que ses engagements pris auprès de la Commission européenne sont suffisants pour préserver la concurrence et les intérêts des consommateurs.
Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft est également examiné par les autorités de la concurrence aux États-Unis et en Australie, qui n’ont pas encore rendu leur verdict. Microsoft espère boucler l’opération d’ici la fin de l’année 2023. Si elle aboutit, elle lui permettra de renforcer son offre de jeux exclusifs pour sa console Xbox et son service d’abonnement Xbox Game Pass. Activision Blizzard possède des franchises à succès comme World of Warcraft, Overwatch et Candy Crush.
Source : Commission européenne
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Quels sont les avantages et les inconvénients de la fusion entre Microsoft et Activision Blizzard pour les joueurs et les développeurs de jeux vidéo ?
Quels sont les risques de concentration et de domination du marché du jeu vidéo par quelques acteurs majeurs comme Microsoft, Sony et Tencent ?
Quels sont les enjeux du cloud gaming pour l’avenir du secteur du jeu vidéo et pour l’accès des consommateurs à une diversité de contenus et de plateformes ?
Que pensez-vous des critères utilisés par les autorités de la concurrence pour évaluer l’impact d’une opération de fusion sur la concurrence et les consommateurs ?