Microsoft a annoncé son intention d'acquérir Activision Blizzard en janvier de l'année dernière pour l'aider à mieux concurrencer les leaders Tencent et Sony. Cependant, cette annonce a suscité des inquiétudes de part et d'autre dans le monde. Les régulateurs américains et britanniques ont déjà exprimé leurs inquiétudes et la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis a saisi la justice pour bloquer l'acquisition. La préoccupation majeure des régulateurs est que ce rachat concède au fabricant de la Xbox un avantage démesuré (ou un pouvoir de monopole) vis-à-vis de ces concurrents et empêche une concurrence loyale sur le marché des jeux vidéo.
Sur le Vieux Continent, l'organisme de surveillance antitrust du bloc des 27 a ouvert une enquête et a fixé au 11 avril la date limite de sa décision sur l'opération. « Nous continuons à travailler avec la Commission européenne pour répondre à toutes les préoccupations du marché. Notre objectif est de proposer davantage de jeux à un plus grand nombre de personnes, et cet accord nous permettra d'atteindre cet objectif », explique le géant de Redmond. Toutefois, des personnes au fait du dossier ont rapporté que Microsoft devrait recevoir très prochainement un avertissement antitrust de l'UE concernant son offre pour racheter Activision Blizzard.
À la fin de l'année dernière, des sources avaient rapporté que l'on s'attendait à ce que Microsoft donne des garanties solides aux régulateurs de l'UE pour tenter d'éviter une déclaration d'accusation et de raccourcir le processus réglementaire. Mais semble n'avoir pas eu lieu. L'autorité européenne chargée de la concurrence ne devrait pas être ouverte à des propositions sans avoir préalablement envoyé sa déclaration d'inculpation. En outre, alors que l'accord est critiqué eu Europe et aux États-Unis pour des préoccupations antitrust, il a reçu le feu vert sans condition des autorités de réglementation, au Chili, au Brésil, en Arabie saoudite et en Serbie.
Le mois dernier, Microsoft a conclu un accord de 10 ans avec Nintendo pour que "Call of Duty" soit disponible sur les consoles Nintendo. La firme de Redmond s'est dite ouverte à un accord similaire avec Sony, qui critique cette acquisition. Selon des personnes connaissant bien le dossier, la semaine dernière, Google, filiale d'Alphabet, et Nvidia ont fait part de leurs inquiétudes à la FTC concernant l'acquisition d'Activision Blizzard par Microsoft et ont ainsi alimenté les poursuites du gouvernement contre cette transaction de 69 milliards de dollars. Les sociétés ont rejoint la société japonaise Sony pour soulever les problèmes liés à la transaction.
La FTC affirme que l'opération entraverait la concurrence dans le secteur des jeux vidéo et a prévu un procès interne pour le mois d'août. Google et Nvidia pourraient être appelés à témoigner dans le cadre du procès de la FTC. Les deux entreprises auraient fourni des informations qui appuient l'une des principales affirmations de la FTC, à savoir que Microsoft pourrait bénéficier d'un avantage déloyal sur le marché du cloud gaming, des jeux par abonnement et mobiles. Dans ses remarques à la FTC, Nvidia aurait souligné la nécessité d'un accès égal et ouvert aux titres de jeux, mais ne s'est pas directement opposé à l'acquisition.
Nvidia et Google sont deux acteurs majeurs du secteur. Nvidia domine le marché des cartes graphiques prisées par les joueurs et exploite un service de streaming de jeux vidéo appelé GeForce Now. Google est en concurrence avec Microsoft dans le domaine des services de cloud computing et a proposé le service de jeu Stadia qui s'est avéré un flop. Le système d'exploitation mobile Android de Google est également au cœur de la façon dont des millions de personnes jouent aux jeux vidéo. Sony, dont la console PlayStation est en concurrence avec la Xbox de Microsoft, a déjà fait valoir qu'il considérait l'accord comme anticoncurrentiel.
Ce retour d'information renforce l'argument selon lequel Microsoft pourrait associer davantage de contenu exclusif à son service Xbox Game Pass, qui domine déjà le marché des abonnements de jeux. Pour sa défense, Microsoft a déclaré que les régulateurs accordaient trop de poids aux préoccupations soulevées par Sony. En plus de décrier publiquement la transaction, la société japonaise a déclaré dans des documents déposés auprès des régulateurs brésiliens et britanniques que l'opération nuirait à la concurrence et donnerait à Microsoft un avantage incontournable dans le secteur naissant du cloud gaming.
Google Stadia a mis en lumière les défis de la concurrence dans le domaine du cloud gaming. Il a été lancé en 2019 avec du contenu original, et la société a embauché des centaines de développeurs de jeux pour travailler sur le projet. Mais Stadia ne s'est jamais imposé auprès des joueurs, et Google a annoncé en en septembre son intention de fermer la plateforme. Sa fermeture est prévue pour ce 18 janvier. Nvidia a ouvert GeForce Now au public en 2020, donnant accès à du matériel de jeu haut de gamme sur Internet. L'entreprise permet aux abonnés de jouer à des jeux qu'ils possèdent déjà, diffusés en continu depuis ses serveurs.
En août dernier, Nvidia a déclaré compter 20 millions d'abonnés. Les joueurs peuvent utiliser des appareils de base tels que des Chromebooks et des ordinateurs de poche pour jouer aux jeux les plus exigeants. Mais le Xbox Game Pass de Microsoft, qui inclut le cloud gaming dans son forfait Ultimate, reste le service leader, avec plus de 25 millions d'abonnés. Cela s'explique en partie par le fait que les dizaines de studios de jeux de Microsoft fournissent un canal direct de contenu. Selon les analystes, l'acquisition Activision Blizzard devrait rendre le service d'abonnement de Microsoft encore plus attrayant.
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