La Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis est susceptible de déposer une plainte antitrust pour bloquer l'offre publique d'achat de 69 milliards de dollars de Microsoft Corp sur l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard Inc, selon un média qui a cité des personnes familières avec la question. Pour l'heure, il n'est pas sûr que les préoccupations de la FTC se transforme nécessairement en action en justice contestant l'accord, et les quatre commissaires de la FTC n'ont pas encore rencontré les avocats des entreprises, indique le rapport, ajoutant que le personnel de la FTC examinant l'accord est sceptique quant aux arguments des entreprises.
L'industrie du jeu vidéo pèse aujourd'hui autour de 200 milliards de dollars. C'est aussi l'industrie culturelle qui enregistre la plus forte croissance. Selon Microsoft, la planète comptera 4,5 milliards de joueurs en 2030, contre déjà 3 milliards aujourd'hui. Ce qui peut expliquer les récentes acquisitions de Microsoft dans le domaine.
En septembre 2020, Microsoft a annoncé qu’il se préparait à acquérir ZeniMax Media, la société mère de Bethesda SoftWorks, l’un des plus grands développeurs et éditeurs de jeux privés au monde. Avec cette déclaration, Microsoft était sur le point de s’emparer d’un grand nombre de franchises de jeu populaires et plus encore de nombreux studios connexes de premier plan, dont Arkane, iD Software, Tango Gameworks, Alpha Dog et Bethesda Game Studios. Le coût de la transaction annoncé par Microsoft et confirmé par Bethesda est de 7,5 milliards de dollars.
Compte tenu du poids de Microsoft dans le jeu vidéo, et celui de Bethesda, les régulateurs devaient vérifier si cette acquisition n’allait pas déséquilibrer ce secteur économique et entraîner des problèmes concurrentiels. Le 5 mars 2021, la Commission européenne a validé cette opération, soit un jour après la validation de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral aux USA chargé de cadrer et contrôler les marchés financiers. Sur son site, la SEC a publié une note d'approbation concernant le rachat de Bethesda par Microsoft. La note en question porte le code S-4, qui correspond pour la Commission à une décision relative à un rachat ou à une fusion.
Cette approbation a permis à Microsoft de devenir propriétaire de 23 équipes de studios de création de jeux vidéo, parmi lesquels Bethesda Softworks, Bethesda Game Studios, ZeniMax Online Studios, Roundhouse Studios, MachineGames, id Software, Tango Gameworks, Alpha Dog et Arkane. Microsoft a également annoncé qu’il prévoyait d'intégrer les futurs jeux de Bethesda dans son service d'abonnement mensuel Xbox appelé Game Pass au moment de son lancement sur Xbox ou PC.
Microsoft veut faire l'acquisition d'Activision Blizzard
Plus tôt cette année, Microsoft a annoncé son intention d'acquérir Activision Blizzard Inc., qui évolue dans le développement de jeux et l'éditeur de contenu de divertissement interactif. Microsoft est persuadé que cette acquisition accélérera la croissance de son activité de jeu sur mobile, PC, console et cloud et fournira des éléments de base pour le métavers.
Microsoft va faire l'acquisition d'Activision Blizzard pour 95,00 $ par action, dans le cadre d'une transaction entièrement en espèces évaluée à 68,7 milliards de dollars, y compris la trésorerie nette d'Activision Blizzard. Lorsque la transaction sera conclue, Microsoft deviendra la troisième plus grande société de jeux au monde en termes de chiffre d'affaires, derrière Tencent et Sony. L'acquisition prévue comprend des franchises emblématiques des studios Activision, Blizzard et King comme «Warcraft», «Diablo», «Overwatch», «Call of Duty» et «Candy Crush», en plus des activités mondiales d'eSport via la Major League Gaming. L'entreprise possède des studios dans le monde entier avec près de 10 000 employés.
Bobby Kotick continuera d'occuper le poste de PDG d'Activision Blizzard, et lui et son équipe continueront de se concentrer sur les efforts visant à renforcer davantage la culture de l'entreprise et à accélérer la croissance de l'entreprise. Une fois l'accord conclu, l'activité d'Activision Blizzard rendra compte à Phil Spencer, PDG de Microsoft Gaming.
Un rachat qui n'est pas bien vu du côté des régulateurs britanniques
Plus d’une centaine de pays examinent actuellement le rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft. Parmi eux, figurent la Grande-Bretagne.
L'autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) craint que l'achat prévu d'Activision Blizzard par Microsoft ne réduise sensiblement la concurrence dans le domaine des consoles de jeux, des services d'abonnement multi-jeux et des services de jeux en cloud (streaming de jeux). L’annonce publiée par la CMA fait état de préoccupations concernant « la concurrence dans les consoles de jeux, les services d'abonnement multi-jeux et les services de jeux dans le cloud (streaming de jeux) ».
La CMA a également reçu des éléments de preuve concernant l'impact potentiel de la combinaison d'Activision Blizzard avec l'écosystème plus large de Microsoft. Microsoft dispose déjà d'une console de jeu de premier plan (Xbox), d'une plateforme de cloud computing de premier plan (Azure) et du premier système d'exploitation pour PC (Windows OS), autant d'éléments qui pourraient être importants pour sa réussite dans le domaine des jeux en cloud.
L'autorité britannique de la concurrence et des marchés craint que Microsoft ne tire parti des jeux d'Activision Blizzard et de la puissance de Microsoft dans le domaine des consoles, du cloud computing et des systèmes d'exploitation pour PC pour nuire à la concurrence sur le marché naissant des services de cloud gaming. La CMA estime que ces préoccupations justifient une enquête approfondie de phase 2.
Les enquêtes de phase 2 permettent à un groupe d'experts indépendants d'examiner de manière plus approfondie les risques identifiés lors de la phase 1. « À la suite de notre enquête de phase 1, nous sommes préoccupés par le fait que Microsoft pourrait utiliser son contrôle sur des jeux populaires comme Call of Duty et World of Warcraft après la fusion pour nuire à ses rivaux, y compris ses rivaux récents et futurs dans les services d'abonnement multi-jeux et le cloud gaming », a déclaré Sorcha O'Carroll, directrice principale des fusions à la CMA.
« Si nos préoccupations actuelles ne sont pas prises en compte, nous prévoyons d'examiner cet accord dans le cadre d'une enquête approfondie de phase 2 afin de parvenir à une décision qui serve les intérêts des joueurs et des entreprises britanniques », poursuit-elle. Lors de la phase 2, la CMA nomme un groupe indépendant chargé d'examiner l'opération de manière plus approfondie et d'évaluer s'il est plus probable qu'improbable qu'une diminution substantielle de la concurrence se produise à la suite de la fusion ; un seuil plus élevé que celui de la phase 1.
La FTC pourrait bloquer le rachat de Microsoft
Le rôle de la FTC est de voir si l’acquisition d’Activision donnerait à Microsoft un avantage déloyal sur le marché des jeux vidéo. Sony a largement contribué à faire capoter le projet de rachat en évoquant à maintes reprises la possibilité que Call of Duty devienne un jour une exclusivité Xbox.
En mettant la main sur la fameuse licence, Microsoft a la possibilité de priver l’écosystème PlayStation de ces jeux en les rendant exclusifs à ses modèles Xbox. Cette stratégie n’est pourtant pas à l’ordre du jour. A plusieurs reprises depuis l’annonce du rachat en janvier, le groupe américain a assuré que les titres Call of Duty resteraient disponibles sur les consoles de son concurrent japonais « au moins quelques années », selon les mots de Phil Spencer, le patron de Xbox. Plus récemment, nous avons appris que Microsoft avait proposé à Sony un accord contractualisé pour que Call of Duty continue de sortir sur PlayStation pendant 10 ans, mais on ne sait pas si tout ceci a été acté.
Les préoccupations de la FTC vont toutefois au-delà de Call of Duty, et les enquêteurs tentent de déterminer comment Microsoft pourrait tirer parti de futurs titres non annoncés pour stimuler son activité de jeux, selon deux personnes ayant connaissance du dossier.
Selon trois personnes proches du dossier que Politico ne peut pas citer, la Commission Fédérale du Commerce va probablement engager une action antitrust pour bloquer le rachat par Microsoft d’Activision Blizzard. Comme le précise le quotidien, une action en justice serait la plus grande mesure prise par la FTC sous la présidence de Lina Khan pour limiter le pouvoir des plus grandes entreprises technologiques du monde.
Cependant, nous ne savons pas exactement sur quoi l'agence s'appuie, mais le quotidien souligne que le personnel de la FTC chargé d’examiner l’accord est sceptique quant aux arguments avancé par Microsoft et Activision. Il ajoute toutefois qu’une action en justice pour contester l’accord n’est pas garantie à ce jour, et que les quatre commissaires de la FTC n’ont pas encore voté de plainte ni rencontré les avocats des entreprises.
Alors que l’accord a été approuvé par les autorités en Arabie saoudite et au Brésil, Microsoft s’attend à ce que la Serbie le valide sous peu et la Commission Européenne a lancé son enquête approfondie début novembre. Le verdict de l’Europe est attendu au plus tard en mars 2023, tout comme celui des autorités britanniques.
Les dépositions du directeur général de Microsoft, Satya Nadella, et du directeur d’Activision, Bobby Kotick, ont déjà été étudiées. Les sources de Politico ont indiqué au média "être sceptiques" quant aux arguments avancés. Mais si une action judiciaire est enclenchée, elle pourrait se faire dès le mois prochain.
Et vous ?
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Le , par Stéphane le calme
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