Google Stadia est une vitrine numérique gérée par Google où vous pouvez acheter des jeux individuels. C'est une nouvelle plateforme extrêmement ambitieuse qui vise à être le Netflix du jeu. Qu’est-ce qui rend Stadia si ambitieux ? Plutôt que de télécharger des jeux ou de les jouer sur un disque Blu-ray, Stadia diffuse des jeux où que vous soyez, comme Netflix diffuse des films et des émissions de télévision.
En clair, avec Google Stadia, vous pouvez jouer à des jeux sur les serveurs de Google depuis chez vous à partir d’appareils compatibles tels que les smartphones, tablettes, ordinateurs de bureau, ordinateurs portables, téléviseurs et autres. Google a promis que les serveurs Stadia sont capables de fournir 4K, 60 images par seconde de performance, afin de vous apporter une expérience de jeux en continu.
Le service s’accompagne d’une manette que la firme a présentée lors de sa conférence. Le Stadia Controller embarque un bouton permettant de faire des captures d’écran (comme sur la Nintendo Switch par exemple) et d’enregistrer et partager des vidéos de jeux directement sur YouTube. Seul élément matériel (hardware) présenté par le géant américain, la manette profite d’une connexion Wi-Fi pour « une performance de jeu optimale « qui devrait dans les faits permettre de limiter le lag. Profitant d’un design classique, la manette n’oublie pas de disposer d’un bouton Google Assistant et d’un microphone.
Google a mis à disposition des plus impatients un pack « Founder’s Edition » en précommande, contenant un Chromecast Ultra et une manette dédiée, capable de se connecter directement aux serveurs de jeu via Wi-Fi. Le lancement est très simple puisqu’il vous suffit de configurer le Chromecast Ultra, puis d’allumer la manette pour la configurer à son tour. Le tout est très simple à faire et ne prend que quelques minutes
Il s’agit d’un tournant tellement important que le PDG de Google, Sundar Pichai, a lui-même présenté Stadia en mars 2019 lors de la conférence annuelle des développeurs de jeux à San Francisco. Cependant, quatre mois après le lancement de Stadia, le service est encore extrêmement léger sur les jeux: seulement 28 titres sont disponibles depuis cette semaine.
Google affirme que 120 autres jeux devraient faire leur apparition sur Stadia cette année, y compris quelques gros blockbusters à venir comme « DOOM Eternal » et « Cyberpunk 2077 ».
La réaction des développeurs indépendants
Mais où sont les dizaines de succès indépendants qui ont contribué à renforcer les bibliothèques de la PlayStation 4 de Sony, de la Xbox One de Microsoft et de la Switch de Nintendo ? Où sont les jeux comme « Bloodstained », « Shovel Knight », « Dead Cells » et « Untitled Goose Game », des jeux indépendants à succès qui se sont vendus à des millions d'exemplaires ? Ces types de jeux sont devenus essentiels au succès de toute nouvelle plateforme. Pourtant, sur les 28 jeux actuellement disponibles sur Stadia, quatre seulement entrent dans la catégorie indie.
« Nous avons été approchés par l'équipe Stadia », a confié un développeur indépendant de premier plan. « Habituellement, avec ce genre de choses, ils mettent sur la table une offre qui vous inciterait à aller avec eux », mais dans ce cas l'incitation « était plutôt inexistante ». « C'est la version courte de ce qui s’est passé », a affirmé le développeur pour expliquer la raison pour laquelle le jeu développé par son équipe n’avait pas de présence sur Stadia.
C'est une déclaration à laquelle ont fait écho plusieurs développeurs indépendants éminents et deux directeurs de publication. « C'est qu'il n'y a pas assez d'argent là-bas », a déclaré l'un des directeurs de publication. L'offre était apparemment « si basse qu'elle ne faisait même pas partie de la conversation ».
« L’incitatif » n'est pas uniquement financier, mais c'est la partie principale de l'équation.
« Lorsque nous examinons ces types d'accords », a déclaré un autre développeur indépendant de premier plan, « nous examinons certains paramètres, notamment ‘est-ce assez d'argent ?’ là où nous avons les ressources pour faire ce que nous voulons, ou ‘s'agit-il d'un accord d'exclusivité qui nous donne la sécurité?’ ».
Chacune des personnes qui se sont exprimées, qui ont demandé à ce que leurs propos soient anonymes en raison d'un emploi continu dans l'industrie du jeu vidéo, ont fait écho à ce sentiment en déclarant que Google n'offrait tout simplement pas assez d'argent, en plus de plusieurs autres préoccupations.
« Il y a des plateformes sur lesquelles vous voulez être parce qu'elles ont un public et que vous voulez atteindre ce public », a déclaré un développeur. « C'est ce qu'est Steam, ou c'est ce que [Nintendo] Switch est. Ils ont de grands groupes sur leurs plateformes, et vous voulez être avec ces groupes afin qu'ils puissent jouer à vos jeux ».
Mais Stadia n'a pas (encore) une grande audience, donc Google doit créer cette incitation pour les développeurs. Et les personnes qui se sont exprimées ont déclaré qu'en dehors de l'argent, il n'y avait pas beaucoup de raisons de mettre leurs jeux sur Stadia.
« Si seulement vous pouviez vous voir entrer dans une relation à long terme avec Google » a soupiré un développeur. « Mais avec l'historique de Google, je ne sais même pas s'ils vont encore travailler sur Stadia dans un an. Ce ne serait pas quelque chose qui ne pourrait pas être envisagé. Google l’a déjà fait par le passé à plusieurs reprises ».
Cette préoccupation (que Google puisse simplement abandonner Stadia à un moment donné et tuer le service, comme cela a été le cas avec de nombreux autres services au fil des ans) a été mentionnée à plusieurs reprises par d’autres développeurs.
La réaction de Google
Lorsqu'il a été contacté pour donner le commentaire de l’entreprise, le représentant de Stadia, Patrick Seybold, a déclaré: « les éditeurs et développeurs avec lesquels nous parlons régulièrement sont très favorables et souhaitent que Stadia réussisse. Il convient également de souligner que tous les éditeurs n'ont pas annoncé leurs jeux pour Stadia jusqu'à présent, et d'autres jeux continueront d'être annoncés en temps voulu ».
Il a également envoyé une liste de tous les principaux éditeurs avec lesquels Google travaille, y compris de grandes sociétés comme EA, Bethesda, Ubisoft, 2K Games et Rockstar Games.
EA a créé et publié « Madden » et « FIFA ». Bethesda a créé et publié « DOOM » et « Elder Scrolls ». Ubisoft a créé et publié « Assassin's Creed » et « Ghost Recon ». Plusieurs jeux indépendants apparaissent sur la liste des jeux à venir, dont « Superhot » et plusieurs jeux « Steamworld », mais de nombreux autres sont toujours portés disparus.
L'absence de ces jeux lors du lancement de Stadia en novembre dernier, et leur absence persistante dans les mois suivants, témoignent de l'incapacité de Google à attirer des développeurs avant leur lancement.
« Ce n'était pas seulement une question financière », a expliqué un développeur qui a décidé de ne pas faire de publication sur Stadia. « À la fin de la journée, je me demande : "pourquoi ferais-je cela? ", et il n'y avait aucune raison positive de le faire. Il n'y avait vraiment rien qui aurait pu nous pousser à franchir le pas, à part être parmi les premiers sur la plateforme ».
Source : BI
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Les craintes des développeurs de voir Google abandonner le projet s'il venait à ne pas satisfaire à ses attentes vous semblent-elles fondées ?
Qu'est-ce qui pourrait, selon vous, expliquer le fait que Google n'était pas disposé à inciter suffisamment les développeurs indépendants de manière financière à participer à l'aventure Stadia ?
Que pensez-vous de la décision des développeurs de ne pas publier sur la plateforme ?