Au cours des dernières années, les jeux vidéo sont devenus une source de distraction de prédilection à travers le monde entier, et les loot box qui sont présentes dans la plupart des jeux sont dévenues une source de revenus attrayante pour les développeurs. Mais ces boîtes à butin, qui offrent aux joueurs un moyen d'attraper des objets virtuels qui va servir dans le jeu, ont été une source de controverse ces dernières années. Parce que ces outils virtuels sont généralement randomisés et que les joueurs doivent très souvent payer de l’argent réel pour les avoir, ils ont été considérés comme une forme de jeu de hasard et ont attiré l’attention des autorités et des groupes de pression dans certains pays comme les Etats-Unis.
Toutefois, les trois principaux fabricants de consoles – Sony Interactive Entertainment, exploitant de la plateforme PlayStation, Microsoft, exploitant de Xbox et Windows, et Nintendo, exploitant de la plateforme de jeu Nintendo Switch – ont accepté d'exiger que les jeux avec des boîtes à butin payantes incluent les chances de gagner des objets aléatoires dans le jeu, a annoncé mercredi l'Entertainment Software Association (ESA) des États-Unis. L'annonce a été faite lors d'un panel de la FTC sur les boîtes à butin qui a eu lieu mercredi à Washington, DC.
Lors de l’atelier consacré à aux loot box dans les jeux vidéo, l'avocat en chef de l’association qui se consacre aux besoins commerciaux et de relations publiques des entreprises qui produisent des jeux vidéo, Michael Warnecke, a déclaré que les trois principaux fabricants de consoles s'y engageaient :
« Je suis heureux d'annoncer ce matin que Microsoft, Nintendo et Sony ont indiqué à l'ESA qu'ils s'engageaient à adopter de nouvelles politiques concernant l'utilisation de boîtes de butin payantes dans les jeux conçus pour leurs plateformes », a-t-il déclaré. « Plus précisément, cela s'appliquerait aux nouveaux jeux et aux mises à jour de jeux qui ajoutent des fonctions de loot box, et exigerait la divulgation de la rareté relative ou des probabilités d'obtenir des objets virtuels randomisés dans les jeux qui sont disponibles sur leurs plateformes ».
Certaines juridictions ont déjà complètement interdit ces récompenses aléatoires et d'autres se sont penchées sur la question. Aux Etats-Unis, la pression s’est intensifiée sur l'industrie du jeu vidéo depuis le mois de mai, lorsque le sénateur républicain Josh Hawley a proposé un projet de loi antiloot box. Cet engagement de divulgation des chances de gagner des objets aléatoires dans le jeu sur leur plateforme est une tentative d’apaiser les inquiétudes.
M. Warnecke a déclaré également, dans un billet de blog mercredi, qu'en plus des principaux fabricants de consoles, « de nombreux grands éditeurs de jeux vidéo » qui sont membres de l’association professionnelle qui représente l'industrie du jeu, vont « mettre en œuvre une approche similaire ». Ces éditeurs comprennent Activision Blizzard, BANDAI NAMCO Entertainment, Bethesda, Bungie, Electronic Arts, Microsoft, Nintendo, Sony Interactive Entertainment, Take-Two Interactive, Ubisoft, Warner Bros., Interactive Entertainment et Wizards of the Coast. Selon l’ESA, la divulgation s'appliquera à tous les nouveaux jeux et aux mises à jour des jeux qui ajoutent de tels achats dans le jeu et sera présentée d'une manière compréhensible et facilement accessible.
Dans son le billet de blog, l’ESA a écrit que les fabricants de consoles l’année prochaine pour ces changements, tandis que les autres éditeurs espèrent ajouter ces fonctionnalités « au plus tard fin 2020 ». Cette annonce intervient à un moment où l’industrie subit une pression croissante dans plusieurs pays depuis plusieurs mois.
C’est l’aboutissement d’une bataille de longue date
Plus tôt l’an dernier, des pays comme l’Angleterre ou la Nouvelle-Zélande ont initié des actions en justice pour combattre le système des loot box mis en place par certains éditeurs de jeux vidéo suite aux conclusions de plusieurs études commandées à ce sujet. Ces pays estimaient, en effet, que les loot box retrouvées sur des titres populaires comme FIFA 18 ou Overwatch peuvent être considérées comme des jeux d’argent ou de hasard et, qu’à ce titre, ils représentent un réel danger pour certains joueurs, notamment les plus jeunes.
En Belgique, la Commission des jeux de hasard du pays s’est appuyée sur les résultats d’une étude qui avait été commandée afin d’invalider ou de confirmer la thèse de ceux qui se plaignaient des loot box. Selon les observations de la commission, les objets gagnés dans ces jeux ont une valeur économique et les joueurs peuvent gagner de l’argent s’ils obtiennent un objet rare et décident de le revendre. Pratiques qui ne sont pas autorisées par la législation belge. En avril 2018, l’autorité de régulation belge a donc donné aux éditeurs de jeux concernés huit semaines pour se conformer à ses recommandations. Dans le cas échéant, ils s’exposeront à des amendes ou à l’interdiction de vente de leurs jeux.
En septembre 2018, à travers une déclaration conjointe, l'État de Washington et 15 pays d'Europe ont uni leurs forces pour lutter contre les jeux d'argent ou paris dans les jeux vidéo. Dans la déclaration qu'ils ont signée, ils expriment une inquiétude croissante concernant les « frontières floues entre les jeux d'argent et les autres formes de divertissement numérique telles que les jeux vidéo. » Ils ciblent notamment les paris de skins (skin gambling) et les loot box, et s'inquiètent surtout de l'utilisation de contenu lié aux jeux d'argent dans les jeux vidéo à la disposition des enfants.
Mais l’annonce de l’ESA de mercredi semble être l’aboutissement d’une bataille contre ces loot box dans les jeux vidéo. Par ailleurs, par le projet de loi visant à interdire la vente des loot box aux mineurs proposé par le sénateur républicain Josh David Hawley a obtenu rapidement l'appui des deux partis, ce qui n’est pas très courant dans des affaires similaires.
Selon M. Warnecke, cette nouvelle orientation vers la divulgation des cotes des boîtes à butin s'appuie sur les efforts précédents de l’ESRB, organisme autorégulé qui évalue les jeux vidéo, visant à ajouter une étiquette d'emballage aux jeux avec des achats internes et des « fonctions de contrôle des dépenses » existantes disponibles pour les parents sur les consoles principales et la plateforme d'EA. « Dans l'ensemble, cela constitue une approche globale pour s'assurer que les consommateurs obtiennent l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions d'achat éclairées lorsqu'il s'agit de boîtes à butin », a ajouté M. Warnecke.
Apple exige déjà la même divulgation des cotes dans ses jeux iOS App Store, depuis fin 2017. Google aussi à une exigence similaire pour les jeux sur Android's Play Store qui a adopté en mai. La Chine et la Corée du Sud ont également exigé que les jeux équipés de boîtes à butin vendues dans ces pays divulguent les cotes des loot box au cours des dernières années. L’annonce de l’ESA ne vient peut pas très tôt, mais elle permettra aux joueurs de prendre des décisions éclairées lors de l’achat de leurs jeux vidéo et savoir ce à quoi ils doivent s’attendre dans les jeux, à partir de l’année prochaine.
Source : Polygon, FTC, The ESA
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Plusieurs autres éditeurs membres de l'ESA feront de même
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Le , par Stan Adkens
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